Fassolas – Le vieux quartier commercial

Photo du début de la route à Fassolas du côté de la Tour

Fassolas est un ancien quartier de l’agglomération de Rakhidi.
Avant la construction du chemin de communication connectant Khora – Apiranthos, le quartier de Fassolas fut le centre commercial et artisanal du village, où se trouvaient de petits locaux commerciaux, tels que des épiceries, des boutiques de tissus et de linge de maison, une boulangerie, un atelier de couture, une cordonnerie, une forge, une menuiserie, des moulins à olives, rakinjzo, des cafés etc.

L’abri devant la menuiserie

Le «quartier des professionnels» de Fassolas donne une très bonne impression de l’organisation et du fonctionnement de l’économie d’un village insulaire au cours du XIXème et de la première moitié du XXème siècle, mais aussi de la taille humaine, des lieux de travail et des résidences de ses habitants.

L’autre côté de l’abri

Dès que le chemin de communication fut construit, presque tous les magasins ont été déplacés vers « Amaxotos », c’est-à-dire la chaussée
il est heureux que la plupart des anciennes magasins sont restées presque intactes et qu’elles sont aujourd’hui en cours de restauration et qu’un endroit magnifique surgit qui fait référence au XIXème siècle.
Le quartier de Fassolas tire son nom du quartier homonyme situé dans une localité de l’ile Khios qui s’appelle Kambos, d’où un petit réfugié sous le nom d’Antonis Payidas est venu à Filoti.
Il est connu que, suite au Massacre de Khios du 30 mars 1822, la flotte grecque sauva environ 50% des habitants de l’île martyre, survivants des yatagans ottomans (une arme turque à lame recourbée) et furent ensuite répartis dans les autres îles de l’archipel.
Le reste fut vendu sur les marchés d’esclaves d’Orient.
On estime que 30 000 habitants de Khios furent massacrés ou devinrent des réfugiés
C’est ainsi que des grandes colonies de ces réfugiés furent crées sur des nombreuses iles de la Mer d’Égée, notamment sur les iles de Syros et Tinos.
Plus précisément, Syros doit beaucoup aux réfugiés de Khios, concernant son développement en secteur du transport maritime.
Loukis Laras, l’œuvre principale de Dimitris Vikelas, le co-fondateur des Jeux Olympiques modernes, est une empreinte littéraire des influences des réfugiés de Khios sur les sociétés ou ils se sont intégrés.
L’histoire du petit Antonis Payidas est un bon exemple d’un effet collatéral créé par l’interaction de grands événements historiques avec le destin des gens ordinaires qui en subissent les conséquences.
Antonis Payidas est arrivé à Naxos en 1822 à l’âge de douze ans en tant que réfugié, après la grande destruction et souffrance de son île.
Le petit réfugié était resté orphelin, après avoir vu tous les membres de sa famille se faire tuer – de manière barbare – sous ses yeux d’enfant.
Des scènes comme telles vécues par le petit Antonis sont celles qui ont provoqué la mobilisation de l’opinion publique européenne en faveur des droits des Grecs luttant pour leur liberté et ont inspiré le grand peintre français Eugène Delacroix pour peindre son tableau fameux « Scènes des massacres de Scio » (titre complet Scènes des massacres de Scio : familles grecques attendant la mort ou l’esclavage).
Le tableau est affiché dans la forge rénovée du quartier Fassolas.
Antonis Payidas épousa une femme de Filoti, avec laquelle il acquit neuf enfants, et il eut la chance de voir deux de ses neuf enfants obtenir des diplômes universitaires et se distinguer dans leur domaine – malgré les conditions difficiles du XIXème siècle, la difficulté des contacts même entre les villages de Naxos.
Plus précisément, Stéphanos et Georgios, après avoir été diplômés du Lycée de Syros, étudièrent respectivement à l’École théologique et philosophique de l’Université nationale et capodistrienne d’Athènes, tandis que Georgios poursuivit des études de troisième cycle à l’Université de Strasbourg, où il réalisa sa thèse de Doctorat en Archéologie.
Stéphanos Payidas – avec le nom de prêtre Néophytos – étant l’archimandrite (un titre honorifique) de la communauté grecque de Saint-Pétersbourg, en Russie, a été élu métropolite (un titre religieux) de Sparte, mais il n’a pas accepté l’aumônerie afin de pouvoir terminer la rédaction de l’Histoire de l’Église russe.
Jean Psichari, un écrivain, érudit et universitaire franco-grec, chevalier de la légion d’honneur par décret du 19 février 1919- fait référence à ces deux grands hommes de Filoti dans son livre intitulé « À l’ombre de Platane » (en grec : Στὸν ἴσκιο τοῦ πλατάνου).
L’influence spirituelle des deux frères, appelles aussi les « Deux Savants de Filoti », par Antonis Katsouros dans son livre publié en 1960), fut grande sur leurs concitoyens, tandis que les descendants de la famille continuent – encore aujourd’hui – se vanter de «appartenir à la famille Payidas».

Des escaliers de la Forge à Ayios Andreas (St Andrée).

Des escaliers de la Forge à Ayios Andreas (St Andrée). (Suite)

Le petit guide Panayiotis sur le chemin de l’épicerie au salon coiffeur & barbier

Certains magasins d’autrefois sont bien conserves peuvent être visités à Fassola:

a) La vieille forge

La Forge « de Georges d’ Antonis », comme l’appellent les trois dernières générations des habitants de Filoti, fut fondée par Georges, le grand-père d’ Antonis Payidas (l’enfant réfugié),.
Il apprit l’art du forgeron à l’endroit où Héphaïstos l’apprit également, puisque – selon la légende – Cédalion (en grec ancien Κηδαλίων), originaire de Naxos, fut le forgeron qui aurait enseigné l’art de travailler les métaux à Héphaïstos.
Grâce à cette forge, les quatre générations suivantes de la famille gagnaient la vie – jusqu’en 1983 – , fournissant des outils aux artisans et aux manouvriers de presque tous les secteurs, mais aussi une grande partie de l’équipement ménager non seulement aux habitants de Filoti et des autres îles voisines. Preuve de ce dernier, le carnet de ventes à crédit de l’avant-dernier propriétaire de « Giorgos, fils d’Antonis ».
Parmi les neuf enfants de la famille (d’Antonis Payidas, le refugié de Chios), le relais de la tradition professionnelle a été reçu par Dimitris (appelé aussi Dimitrakis, fils d’Antonis), le grand-père de « Georgis fils d’ Antonis ».

b) La vieille menuiserie

c) L’atelier du tailleur-couturier

d) Le salon coiffeur & barbier

e) L’épicerie

L’épicerie « Smilis » a été réaménagé pour qu’il fonctionne comme un musée, car des anciens emballages de produits sont exposés, tels que des bonbons, des aliments pour bébés, des ingrédients culinaires, de la nourriture, des articles de nettoyage personnels et généraux, du matériel scolaire, etc.
Parmi les produits exposés on distingue le « savon avec Nobel » (!) un produit de l’entreprise familiale du poète grec Odysséas Elýtis (« Alepoudhéllis »).

Atelier d’instruments traditionnels et d’artisanat

Pas loin de Fasolas se trouve le petit mais riche en produits artisanaux traditionnels, l’Atelier de Nikos Moustakis.
Dans l’atelier, vous pouvez admirer et acheter des objets fabriqués à la main, tels que des bibelots, des baquets, des couverts en os, des cloches et des bibelots, avec des os de matières premières et des peaux d’animaux.